La Suisse vue du ciel en 1946
En 1946, les Américains ont photographié l’ensemble du territoire helvétique depuis les airs avec une résolution au sol d’un mètre, en accord avec le gouvernement suisse de l’époque.
C’était l’opération « Casey Jones » : 66 bombardiers B-17 ont pris 4200 photos de la Suisse sur une période de quatre mois, du 19 mai au 24 septembre 1946.
Des décennies plus tard, l’Office fédéral de topographie (swisstopo) a restauré et numérisé ces clichés que vous pouvez consulter gratuitement sur map.geo.admin.ch, mention « SWISSIMAGE HIST 1946 ».
Vous pourrez y comparer les prises de vue d’époque avec celles actuelles en activant et désactivant la carte « SWISSIMAGE HIST 1946 » dans le menu de gauche, rubrique « Cartes affichées » (assurez-vous que le fond de plan soit bien commuté sur « Photo aérienne »). Il est fortement recommandé d’utiliser un ordinateur (ou du moins un appareil avec un assez grand écran).
Bonne exploration
La pierre vaut plus que le sang
Note de l’auteur : je souhaitais initialement publier ce billet juste après l’incendie de Notre-Dame de Paris (15 et ), alors que le sujet était encore « brûlant » (sans mauvais jeu de mots), mais j’ai (trop) longuement hésité… À tel point que je me suis même demandé si cela en valait encore la peine, car il représentait une réaction « à chaud » de ma part, plus pertinente et percutante durant la période concernée que bien des mois après ! Néanmoins, j’ai tout de même pris la décision de le publier, ne serait-ce que pour éviter de l’avoir écrit pour rien… Évitons le gaspillage
Suite à l’incendie de Notre-Dame de Paris, je constate plus que jamais que la vie humaine n’a vraiment aucune valeur dans nos sociétés.
Comme tant d’autres, j’ai été sous le choc des images et j’ai partagé, l’espace d’une soirée, la tristesse de tout un peuple. La destruction totale ou partielle d’un monument, d’un patrimoine représente toujours une perte incommensurable pour l’Histoire – heureusement sans victimes humaines dans le cas présent.
Pourtant, lorsque je vois le deuil (inter)national que cela suscite et le formidable élan de solidarité qui en a suivi (près d’un milliard d’euros de dons à l’heure où j’écris), cela me met quelque peu mal à l’aise…
Vous souvenez-vous de l’incendie de la tour Grenfell, à Londres, le 14 juin 2017 ? Le bilan humain y avait été épouvantable : 71 morts, 8 disparus et 74 blessés. Des victimes de tous âges, des familles brisées à jamais ; un drame qui aurait pu être évité !

Deux incendies majeurs, mais deux poids, deux mesures…
Crédits : photo de gauche par LeLaisserPasserA38 (CC BY-SA 4.0) et photo de droite par Natalie Oxford (CC BY 4.0).
Étrangement, la réaction internationale suite à ce drame m’a semblé être moins intense – et moins durable – que la catastrophe qui a récemment frappé Paris. De plus, les victimes et les rescapés de la tour ont-ils eu aussi la faveur d’une collecte de dons ? Si oui, a-t-elle été d’une ampleur comparable à celle visant à restaurer la célèbre cathédrale ? Hélas, non, j’en ai bien peur ! D’ailleurs, six mois après le drame, les rescapés de la tour étaient toujours logés à l’hôtel, alors que le gouvernement avait initialement promis de leur trouver des foyers sous trois semaines…
Les gargouilles semblent donc recevoir plus de considération que les êtres humains ! Triste monde.
Et alors même que les braises de la charpente fument encore, nous apprenons que le personnel des hôpitaux parisiens entre en grève illimitée et dénonce des conditions de travail « insupportables ». D’après vous, recevront-ils autant de soutien des instances politiques, autant de ferveur du public, autant de couverture médiatique ?
Réduire les émissions de gaz carbonique… et le reste ?
Malheureusement, je constate que les discours écologiques se focalisent presque exclusivement sur un seul aspect, qui plus est hautement polémique auprès de certaines personnes (car la part de responsabilité de l’homme est loin de faire consensus) : le changement climatique. C’est d’autant plus vrai en cette période d’élections fédérales.
Seulement, pendant qu’on s’écharpe sur celui-ci, on passe presque complètement sous silence les autres problématiques environnementales, pourtant tout aussi cruciales à mon sens (et dont l’implication de l’homme est indéniable) : pollution des sols, pollution des eaux, micropolluants, déforestation, disparition d’espèces entières, pesticides, gaspillage alimentaire, espèces envahissantes… est-il vraiment nécessaire que je poursuive la liste ?
Des préoccupations inquiétantes et on ne peut plus tangibles, qui se produisent également chez nous — exemples à l’appui (pour la Suisse) :
- 2.6 millions de tonnes de déchets alimentaires sont produits chaque année, dont deux tiers seraient évitables.
- 2’200 décès par an sont causés par la pollution de l’air (poussières fines), ainsi que 14’000 jours d’hospitalisation pour des maladies provoquées par la pollution de l’air. À l’échelle mondiale, cela représente un décès sur six.
- Près de 170’000 personnes boivent de l’eau contaminée aux pesticides (et combien consomment de la nourriture contaminée par des pesticides et autres biocides ?).
- Un peu plus de 700 kg de déchets sont produits par habitant et par an, ce qui place la Suisse en troisième position européenne. Peu reluisant. Heureusement, on tire notre épingle du jeu en matière de recyclage et de compostage, même s’il reste une certaine marge de progression.
- Plus de 5000 tonnes de plastique sont libérées dans la nature chaque année.
- 14 millions de débris plastiques sont estimés dans le Léman, soit un taux de pollution proportionnellement semblable à celui des océans.
- 35 % des espèces sont considérées comme menacées, ce que le biologiste valaisan Raphaël Arlettaz qualifie de « crise plus grave que celle du réchauffement climatique ».
Pourtant, les partis politiques en présence (et une bonne partie des mouvements écologistes) semblent n’avoir d’yeux que pour la réduction des émissions de gaz carbonique (dioxyde de carbone, CO2), le principal coupable du changement climatique. Sans pour autant accuser les partis et (futures) têtes dirigeantes de récupération politique fort opportuniste, je serais tout de même curieux de connaître ce qu’ils ont prévu pour résoudre — ou ne serait-ce qu’amoindrir — ces problématiques… Rien du tout ?

« Et si c’était un gros canular et qu’on créait un monde meilleur pour rien ? »
© Joel Pett, with his permission.
La réalité, dont quelques uns font mine d’ignorer, est que nous n’avons pas de planète de secours ! La Terre est notre seule demeure, et celle-ci est inlassablement maltraitée et surexploitée par ses résidents, aussi intelligents que destructeurs. On se tue à petit feu, on s’empoisonne, inéluctablement, pour le seul profit.
Et inutile de compter sur un éventuel « exode stellaire » salvateur ; la conquête de Mars serait certes un bel exploit technologique et humain, mais la triste réalité est que seule une poignée d’« élus » pourraient y résider, sur les milliards que nous sommes. Et ils ne pourront certainement jamais vivre guère mieux que sous cloche, car il est utopique de vouloir y reconstituer une atmosphère durable (sans champ magnétique, c’est peine perdue)…
Le « piratage » en Suisse est-il vraiment légal ?
Il est de notoriété publique que le « piratage » (c’est-à-dire, plus précisément, le téléchargement d’œuvres protégées par le droit d’auteur à partir de sources illicites) n’est pas punissable en Suisse, contrairement à la mise à disposition (sans droit de contenu) à des tiers. Cependant, est-ce réellement le cas eu égard à la loi ?
Oui, la loi sur le droit d’auteur (LDA) autorise le téléchargement d’une œuvre protégée par le droit d’auteur pour un usage privé (c’est-à-dire à des fins personnelles, pédagogiques ou d’autres fins énoncées à l’article 19). Par ailleurs, il est dans ce cas inapproprié de parler de « piratage » (sous-entendu : illégal) s’agissant d’un acte qui n’est pas répréhensible par la loi…
Par contre, cette exception du droit d’auteur ne s’applique pas aux logiciels (art. 19 al. 4). Autrement dit : le piratage de logiciels est punissable, même s’il est effectué pour un usage strictement personnel !
Je me permets de citer Me Gianni Cattaneo, avocat et professeur en droit, qui s’était exprimé à ce sujet dans l’article « La Suisse, un paradis pour les petits et les grands pirates du web? » :
En Suisse, l’utilisateur peut télécharger et consommer librement du matériel protégé par le droit d’auteur (sauf les logiciels) dans le cadre d’un usage privé ou personnel, indépendamment de la légalité ou non de la source. (…)
En lisant la LDA, on y apprend également que la copie de sauvegarde d’un logiciel licitement acquis est autorisée et qu’il s’agit d’un droit inaliénable (art. 24 al. 2).
En outre, le contournement des mesures de protection est illégal (par exemple : l’utilisation de « cracks »), sauf si celui-ci est effectué « exclusivement dans le but de procéder à une utilisation licite » (art. 39a). Qu’est-ce qu’une utilisation licite ? A priori, le fait de pouvoir exécuter un logiciel que l’on a acquis licitement mais qui refuse de fonctionner à cause des protections en place (exemple à prendre avec toutes les précautions de rigueur !).
Finalement, je conclurai cet article en vous invitant humblement à vous poser la question de la moralité de l’acte, car bien que le téléchargement d’œuvres protégées soit licite, il n’est pas forcément moral. À chacun d’agir selon sa conscience
À lire également :
- « En Suisse, ne dites pas « téléchargement illégal »«
- « Comment définir le « cercle de personnes étroitement liées » en droit d’auteur ?«
Je tiens à remercier tout particulièrement Me Yann Neuenschwander, avocat à Neuchâtel, pour sa relecture et son aide précieuse à la rédaction de cet article.
Avis de non responsabilité : cet article (comme tout le contenu de ce blog) est fourni à titre informatif uniquement et ne constitue pas un conseil juridique. Prenez contact avec un avocat ou un juriste si vous avez le moindre doute ou pour toutes questions relatives au droit. Je ne saurais être tenu pour responsable des actions commises par des tiers.
Vente d’appareils électriques équipés de fiches étrangères en Suisse
Pour l’avoir personnellement constaté plus d’une fois, un marchand est-il autorisé à vendre des appareils électriques équipés de fiches étrangères en Suisse ?
Non, cela est interdit, comme l’ESTI (Eidgenössisches Starkstrominspektorat, « Inspection fédérale des installations à courant fort ») nous le rappelle dans son communiqué de presse daté du 14.05.2018 :
(…) la vente d’appareils électriques équipés de fiches domestiques étrangères (par exemple fiches allemandes Schuko) est interdite en Suisse.
Cette exigence est définie dans la norme suisse SEV 1011 relative aux « prises de courant pour usages domestiques et analogues ». Vous pouvez télécharger un document PDF présentant les différentes prises de courant autorisées ici.
Le cas des adaptateurs
Il arrive parfois qu’un appareil soit vendu avec une fiche étrangère et accompagné d’un adaptateur pour utilisation sur les prises suisses. Cela est-il correct ou tout du moins toléré ?
Afin d’en avoir le cœur net, j’ai pris contact avec l’ESTI et mon interlocuteur, M. Peter Fluri, le chef de la surveillance du marché (que je remercie encore une fois au passage), m’indique que, dans ce cas de figure, seule la livraison d’un adaptateur Fix est tolérée, bien que cela ne soit pas la bonne solution. Les adaptateur de voyage ne sont en aucun cas autorisés !
Un adaptateur Fix est un adaptateur avec fiche suisse raccordé « définitivement » à la fiche étrangère. Il est conçu de manière à être volontairement (très) difficile à enlever.
Inutile de préciser que ces adaptateurs doivent être conformes, en termes de classe de protection (I ou II), d’indice de protection (IP) et d’ampérage.
Dans tous les cas, vous êtes en droit d’exiger qu’un appareil soit livré avec une fiche suisse, comme l’indique M. Fluri :
Les consommateurs devraient renoncer aux appareils avec adaptateurs Fix et toujours demander auprès [des] distributeurs qu’un appareil électrique soit équipé d’une fiche suisse !