Oui, les disques durs respirent !

Une erreur courante en informatique est de croire que les disques durs sont sous vide d’air à l’intérieur de leur boîtier hermétiquement scellé. La preuve invoquée en faveur de cette hypothèse farfelue ? Il y a des joints d’étanchéité et il est de notoriété publique qu’ouvrir un tel disque signe son arrêt de mort !

Malheureusement pour ceux qui pensent cela (oui, oui, j’en ai connus), je suis obligé de leur dire que c’est totalement archi-faux, comme l’indique naïvement le titre de ce billet.

Explications

Un disque dur quel qu’il soit n’est pas sous vide d’air, bien au contraire !

Vue d'ensemble de l'intérieur d'un disque dur

Les entrailles d’un disque dur…

La tête de lecture utilise l’air pour s’élever au dessus du plateau, pour ne pas le rayer. Sans air, la tête de lecture ne flotterait pas.

En effet, la tête de lecture « vole » actuellement à quelques nanomètres (!) au-dessus du plateau grâce au courant d’air généré par la rotation des disques (plusieurs milliers de tours par minute, je le rappelle). Exactement comme un aéroglisseur. Ce courant d’air peut d’ailleurs atteindre jusqu’à 250 km/h. Excusez du peu !

Les preuves

Ceux qui ont déjà ouvert un disque dur une fois ont sûrement déjà constaté qu’il y a une sorte de grosse « pastille plastique » – en fait un filtre – collée sur la face interne du disque. Sur l’autre face – donc à la surface du boîtier – on constate la présence d’un petit trou. Vous avez bien lu : il y a bel et bien un minuscule orifice sur le boîtier du disque ! Ce trou donne sur le filtre : c’est bien la preuve que le disque n’est pas totalement hermétique.

Je n’ai pas trouvé d’explication concrète concernant le pourquoi de cette ouverture, mais c’est probablement pour que l’intérieur du disque soit à la même pression atmosphérique que l’environnement dans lequel il est. Ou plus simplement pour une meilleure circulation d’air ?

Gros plan sur le filtre d'un disque dur

Gros plan sur le filtre. Les poussières sont recalées à l’entrée !

Une autre preuve ? Ça chauffe ces engins-là (jusqu’à 50°C) ! Vous vous doutez bien que si un disque dur chauffe, ce n’est pas à cause du transfert des données des têtes aux plateaux, qui est purement magnétique. Ni même l’électronique embarquée (le contrôleur) qui produit une quantité de chaleur somme toute négligeable.

En réalité, qui dit masse d’air en mouvement, dit frottements, donc un échauffement. Principe physique de base. Si le disque était effectivement sous vide, il n’y aurait presque pas d’échauffement !

Pour finir, si un disque est scellé et ne doit pas être ouvert, à part en salle blanche, c’est parce qu’il ne faut surtout pas qu’une poussière ou le moindre corps étranger y pénètre. Comme la tête de lecture est microscopique, la moindre particule sur son chemin se transforme en obstacle aussi grand qu’une montagne lui fonçant dessus à vive allure ! Les conséquences en seraient désastreuses et cela signerait l’arrêt de mort du disque : surface des plateaux rayée, tête de lecture endommagée.

Sources

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11 réflexions sur « Oui, les disques durs respirent ! »

  1. Anéfé !

    Et la raison pour laquelle on ne fait pas des disques durs sous vide alors ? Parce que la tête de lecture utilise l’air pour s’élever au dessus du plateau, pour ne pas le rayer.
    Sans air, la tête de lecture ne flotterait pas.

  2. Arf, heu, sorry pour le double poste…

    Pour ça :

    Je n’ai pas trouvé d’explication concrète concernant le pourquoi de cette ouverture, mais c’est probablement pour que l’intérieur du disque soit à la même pression atmosphérique que l’environnement dans lequel il est. Ou plus simplement pour une meilleure circulation d’air ?

    Oui, je pense que c’est pour un équilibre des pressions : en chauffant, l’air se détend (oui, même entre 20 et 50°C), et pour éviter que le disque dur se transforme en bombe, on doit évacuer l’air et diminuer la pression.

    • Oui, vous avez raison, je n’en ai pas parlé ! Peut-être devrais-je placer quelques mots à ce sujet dans l’article.

      Cela dit, ça ne change rien au fait que le disque n’est pas « sous vide » par autant, la fausse idée reçue combattue dans cet article 😉

      Néanmoins, merci pour votre intervention !

  3. Si vous permettez,J’ai une petite question.

    si il y a un filtre,il y a donc une accumulation de saleté sur le filtre au fils du temps qui passe.

    est ce qu’il est possible de nettoyer ce filtre?

    P.S. si ma question vous parait ridicule désolé je suis pas un professionnel en informatique

    • Le hollandais volant dit plus haut que le trou sert aussi à l’évacuation de l’air chaud pour diminuer la pression à l’intérieur du disque dur, cette pression permet peut être de faire évacuer les saletés du filtre à l’extérieur du boitier.

    • Non, votre question n’est pas ridicule, elle soulève un point intéressant.

      Je n’ai rien trouvé dans la littérature à ce propos, donc la question reste ouverte, mais je doute qu’il doive falloir faire quoi que ce soit !

      Comme a dit Seb, il est probable que les saletés sont éliminées d’elles-mêmes !

  4. Bonjour à tous,

    « Il y a des joints d’étanchéité et il est de notoriété publique qu’ouvrir un tel disque signe son arrêt de mort ! »
    Je préciserai que la principale raison de l’arrêt de mort n’est pas de la poussière ou autres impuretés mais, le fait que les vis sont serrées avec un certain couple de serrage qui nécessite une clé dynamométrique. Une personne ignorant ceci peut ouvrir sont disque dur et le refermer et se rendre compte qu’il ne fonctionne plus même dans une salle blanche !

    • Bonjour,

      Merci pour votre contribution !

      Il est vrai qu’on n’y pense pas, en effet, mais auriez-vous des sources ? C’est la première fois que j’entends parler de ce point 😮

      Toutefois, je me demande à quel point cela peut agir dans un disque ? Les vis concernées sont souvent celles fermant le boîtier. En quoi mal le fermer pourrait empêcher le fonctionnement du disque ? J’avoue ne pas trop comprendre…

      Ce qu’il faut bien se rendre compte, c’est qu’à l’échelle de la tête de lecture, même une poussière représente un sérieux obstacle, comme illustré sur cette image : http://www-gtr.iutv.univ-paris13.fr/Cours/Mat/Architecture/Cours/polyarch/img//poussiere.png

      Quoi qu’il en soit, je reste ouvert à toutes autres explications 😉

  5. La clef dynamométrique permet un serrage des écrous du cache au même couple, ce qui permet à l’ensemble du dispositif de ne pas prendre de jeu lors des rotations des plateaux. Si les couples ne sont pas identiques, le moment d’inertie des plateaux peut être modifié et entraîner une modification du plan de rotation (un peu comme une roue de vélo voilée). et là, c’est le drame… (sur le ton documentaire M6)

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