L’astronomie, vecteur d’émerveillement et de réflexion

C’est un sujet que je n’avais encore jamais abordé jusqu’à maintenant sur ce blog. L’espace, ses merveilles, me font rêver depuis longtemps et c’est en pur amateur que je me délecte en ce domaine.

Armé de mon modeste télescope de Newton (700 mm), j’ai pu observer la Lune, mais également des planètes comme Jupiter et Saturne. Bien que ces dernières se résumaient à de pâles et minuscules points colorés, je parvenais tout de même à distinguer chacune de leurs caractéristiques notables : respectivement la Grande Tache rouge et les anneaux.

Il est peu aisé de retranscrire exactement l’émotion ressentie lors de l’observation des astres de nos propres yeux et non à travers des clichés. Le vertige et la modestie ressentis face à l’immensité du cosmos ; la majesté émanant de ces corps célestes immémoriaux ; l’émerveillement à découvrir leurs détails, leur délicatesse inattendue ; etc.

Et même à l’œil nu, difficile de ne pas éprouver un frisson en visualisant pleinement la Voie lactée dans un ciel noir d’encre, ainsi que la pleine conscience de ce qu’elle représente, de sa structure.

L’astronomie, ou plus simplement la contemplation du ciel, nous permet d’expérimenter une profonde humilité, de relativiser notre condition humaine, de stimuler notre imagination, et de faire naître bien des réflexions. À mon sens, la vie elle-même, en particulier de par sa rareté, s’en trouve sublimée.

Vous pensez que je m’emporte ? C’est probable. Toutefois, avant de me vouer aux gémonies, laissez-moi vous présenter cette photo, l’une des dernières capturées par la sonde Voyager 1, le 14 février 1990 :

Crédits : NASA.

Elle a été prise à 6 milliards de kilomètres de notre planète, c’est-à-dire aux confins de notre système solaire. Rien d’extraordinaire a priori : une image sombre, bruitée, avec quelques rayons de lumière colorés… On pourrait la qualifier de « médiocre ».

Et pourtant, regardez attentivement. Augmentez la luminosité, si nécessaire. Vous voyez ce petit point bleu pâle, au centre à droite, dans un rayon de lumière ? Ce n’est pas un défaut ni une poussière sur votre écran, c’est la Terre !

C’est encore à ce jour le plus lointain cliché de notre planète.

Ce point bleu pâle (Pale Blue Dot) a durablement marqué les esprits. À tel point qu’il a inspiré à l’astronome américain Carl Sagan les célèbres lignes suivantes :

De ce point de vue éloigné, la Terre ne semble pas présenter d’intérêt particulier. Mais pour nous, c’est différent. Regardez encore ce point. C’est ici. C’est notre maison. C’est nous. Sur ce point se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui ont jamais existé. L’ensemble de nos joies et de nos souffrances, les milliers de religions, d’idéologies et de doctrines économiques, tous les chasseurs et les cueilleurs, tous les héros et les lâches, tous les créateurs et les destructeurs de civilisation, tous les rois et les paysans, tous les jeunes couples amoureux, toutes les mères et tous les pères, les enfants pleins d’espoir, les inventeurs et les explorateurs, tous les professeurs de morale, tous les politiciens corrompus, toutes les « superstars », tous les « chefs suprêmes », tous les saints et tous les pécheurs de l’histoire de notre espèce ont vécu là – sur un grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.

La Terre est une toute petite scène dans une vaste arène cosmique. Pensez aux rivières de sang versées par tous ces généraux et empereurs pour que, dans la gloire et le triomphe, ils puissent devenir les maîtres momentanés d’une fraction de ce point. Pensez aux cruautés sans fin que les habitants d’un coin de ce pixel infligent aux habitants à peine discernables d’un autre coin, à la fréquence de leurs malentendus, à leur envie de s’entretuer, à la ferveur de leurs haines.

Nos postures, notre suffisance imaginaire, l’illusion que nous occupons une position privilégiée dans l’univers, sont remises en question par ce point de lumière pâle. Notre planète est un point isolé dans la grande obscurité cosmique qui nous enveloppe. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, il n’y a aucune indication qu’une aide viendra d’ailleurs pour nous sauver de nous-mêmes.

La Terre est le seul monde connu à ce jour à abriter la vie. Il n’existe aucun autre endroit, du moins dans un avenir proche, où notre espèce pourrait migrer. Visiter, oui. S’installer, pas encore. Qu’on le veuille ou non, pour l’instant, c’est sur Terre que nous sommes installés.

On dit que l’astronomie est une expérience qui rend humble et forge le caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la folie des idées de l’homme que cette image lointaine de notre petit monde. Pour moi, elle souligne la responsabilité qui nous incombe de nous comporter plus aimablement les uns envers les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, le seul foyer que nous ayons jamais connu.

Pale Blue Dot, Carl Sagan, 1994

Je trouve impressionnant ce qu’un simple cliché, à l’apparence banale, peut susciter ; sa symbolique nous poussant jusqu’à envisager différemment notre vision du monde, notre rapport aux autres et à notre planète.

Le dernier paragraphe corrobore d’ailleurs l’idée que l’astronomie est une expérience qui peut transcender l’esprit humain, nous inciter à la réflexion, et nous pousser à devenir plus humbles. Elle ne consiste pas « uniquement » en l’observation, méthodique, cartésienne, des étoiles.

Ainsi puis-je l’affirmer sans peine : l’astronomie est tout autant une activité scientifique que philosophique, selon les sensibilités de chacun.

La grandeur insaisissable de l’Univers écrase l’orgueil démesuré et illusoire des hommes ; il est un rappel permanent que nous sommes finalement peu de choses face à la l’éternité et à l’infinité. Et que la vie, véritable anomalie à l’échelle cosmique, est précieuse et doit être protégée.

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