Mortalité et terrorisme : réalité vs. couverture médiatique

« Les causes de décès des américains, ce qu’ils cherchent sur Google et ce que les médias rapportent. »
Quatre colonnes, de gauche à droite : causes de mortalité en 2016, recherches Google entre 2004 et 2016, couverture médiatique du New York Times de 1999 à 2016 et The Guardian de 1999 à 2016.
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Ce graphique, très intéressant, nous apprend qu’il existe une belle différence de couverture médiatique entre les différentes causes de mortalité aux USA (nul doute que la situation ne soit guère plus reluisante ici).
Ainsi, on constate que les principales causes sont malheureusement bien souvent sous-médiatisées, en particulier les maladies cardiovasculaires (heart disease), pourtant responsables de 30.2 % des décès, mais dont la couverture médiatique ne s’élève qu’à un maigre 2.3 % (moyenne des deux médias cités)…
A contrario, le terrorisme et les homicides, responsables conjointement de moins de 1 % des décès, sont sur-médiatisés : 57.5 %, soit plus de la moitié !
Entretenir la peur et la défiance envers les autres, éluder les véritables problématiques, voilà visiblement les objectifs sournois de certains influenceurs et médias. En conséquence, l’opinion publique ainsi conditionnée exigera des mesures (politiques et économiques) concrètes, souvent radicales, pour des sujets « mineurs » et soigneusement orientés, mais pas ou peu d’actions pour ce qui semble moins important, moins urgent. Dans quel but ? La question reste ouverte et on ne peut malheureusement que spéculer (asseoir une idéologie, en retirer un avantage financier, obtenir des suffrages…).
De fait (et pour la petite parenthèse), je ne suis même plus étonné de constater à quel point certains parents peuvent devenir hystériques à la seule idée de laisser leur(s) enfant(s) aller seul(s) à l’école, de peur d’un kidnapping ! Oui, même ici, en région rurale, loin de la tumulte des villes. Pourtant, je suis quasiment certain qu’il y a statistiquement plus de risques à être victime d’un accident de voiture sur le trajet de l’école que d’un enlèvement (sans compter l’impact écologique désastreux, les nuisances pour les riverains, etc.).
On remerciera donc les « vendeurs de peur » en tous genres qui nous abreuvent constamment de mauvaises nouvelles, laissant planer un climat anxiogène quasi-permanent et cristallisant une peur inutile dans le cœur d’une partie de la population… La peur est une émotion indispensable qui ne devrait jamais être manipulée !
Bref, prenez soin de vous et ne cédez pas promptement à la panique (ni à la paranoïa complotiste, d’ailleurs)
Réduire les émissions de gaz carbonique… et le reste ?
Malheureusement, je constate que les discours écologiques se focalisent presque exclusivement sur un seul aspect, qui plus est hautement polémique auprès de certaines personnes (car la part de responsabilité de l’homme est loin de faire consensus) : le changement climatique. C’est d’autant plus vrai en cette période d’élections fédérales.
Seulement, pendant qu’on s’écharpe sur celui-ci, on passe presque complètement sous silence les autres problématiques environnementales, pourtant tout aussi cruciales à mon sens (et dont l’implication de l’homme est indéniable) : pollution des sols, pollution des eaux, micropolluants, déforestation, disparition d’espèces entières, pesticides, gaspillage alimentaire, espèces envahissantes… est-il vraiment nécessaire que je poursuive la liste ?
Des préoccupations inquiétantes et on ne peut plus tangibles, qui se produisent également chez nous — exemples à l’appui (pour la Suisse) :
- 2.6 millions de tonnes de déchets alimentaires sont produits chaque année, dont deux tiers seraient évitables.
- 2’200 décès par an sont causés par la pollution de l’air (poussières fines), ainsi que 14’000 jours d’hospitalisation pour des maladies provoquées par la pollution de l’air. À l’échelle mondiale, cela représente un décès sur six.
- Près de 170’000 personnes boivent de l’eau contaminée aux pesticides (et combien consomment de la nourriture contaminée par des pesticides et autres biocides ?).
- Un peu plus de 700 kg de déchets sont produits par habitant et par an, ce qui place la Suisse en troisième position européenne. Peu reluisant. Heureusement, on tire notre épingle du jeu en matière de recyclage et de compostage, même s’il reste une certaine marge de progression.
- Plus de 5000 tonnes de plastique sont libérées dans la nature chaque année.
- 14 millions de débris plastiques sont estimés dans le Léman, soit un taux de pollution proportionnellement semblable à celui des océans.
- 35 % des espèces sont considérées comme menacées, ce que le biologiste valaisan Raphaël Arlettaz qualifie de « crise plus grave que celle du réchauffement climatique ».
Pourtant, les partis politiques en présence (et une bonne partie des mouvements écologistes) semblent n’avoir d’yeux que pour la réduction des émissions de gaz carbonique (dioxyde de carbone, CO2), le principal coupable du changement climatique. Sans pour autant accuser les partis et (futures) têtes dirigeantes de récupération politique fort opportuniste, je serais tout de même curieux de connaître ce qu’ils ont prévu pour résoudre — ou ne serait-ce qu’amoindrir — ces problématiques… Rien du tout ?

« Et si c’était un gros canular et qu’on créait un monde meilleur pour rien ? »
© Joel Pett, with his permission.
La réalité, dont quelques uns font mine d’ignorer, est que nous n’avons pas de planète de secours ! La Terre est notre seule demeure, et celle-ci est inlassablement maltraitée et surexploitée par ses résidents, aussi intelligents que destructeurs. On se tue à petit feu, on s’empoisonne, inéluctablement, pour le seul profit.
Et inutile de compter sur un éventuel « exode stellaire » salvateur ; la conquête de Mars serait certes un bel exploit technologique et humain, mais la triste réalité est que seule une poignée d’« élus » pourraient y résider, sur les milliards que nous sommes. Et ils ne pourront certainement jamais vivre guère mieux que sous cloche, car il est utopique de vouloir y reconstituer une atmosphère durable (sans champ magnétique, c’est peine perdue)…